Qui êtes-vous ?

Lors de la formation, il vous a été proposé de répondre en 3 minutes à cette question.

A la suite de la restitution de vos réponses, il a été mis en avant que l'identité est variable selon le contexte, les situations en cours, l'âge, ...

L'identité selon Dominique Cardon

Nous avons ensuite commenté les travaux de Dominique Cardon, sociologue français au département SENSE d'Orange labs. et membre associé au Centre d'études des mouvements sociaux de l'École des hautes études en sciences sociales qui travaille sur les transformations contemporaines de l'espace public, notamment sur les infrastructures de médiation offertes par les nouvelles technologies, sur le rôle de la critique dans le débat public, ainsi que sur les dynamiques d'individualisation et de participation à la production d'expression publique.

Si on revient sur son travail sur l'impact des nouvelles technologies, on trouvera un essai de typologie des identités et par extension des identités numériques.

Dominique Cardon va mettre en avant dans les réponses à la question "qui êtes-vous ?" celles correspondant à l'identité civile à la notion d'être (ce que la personne est dans son être : sexe, âge, statut matrimonial) et l'identité qu'il nommera identité agissante qui correspond plus à la notion de faire (ce qui renvoie à ce que fait la personne : ses œuvres, ses projets, ses productions).

Certains d'entre vous, ont parlé de leur famille, on entre alors dans l'identité qui se réfèrent à la personne dans sa vie réelle (quotidienne, professionnelle, amicale) qui se nomme identité narrative.

Une dernière identité est apparu avec le développement du numérique qui est une projection des identités qui nous construisent en tant qu'être. Dominique Cardon l'a nommé identité virtuelle. Cette identité projeté vient compléter les 3 autres identités et peut permettre, selon lui, aux personnes d'exprimer une partie ou une potentialité d'elle-même jusqu'alors caché dans l'identité narrative.

Chaque plateforme du Web accessible sur Internet donne plus ou moins une place à l'identité de ses participants et à leurs mises en relation.

Dominique Cardon a choisit de proposer un modèle de 5 groupes de plateforme.

- Le paravent : SE CACHER POUR SE VOIR

Les participants ne sont visibles aux autres qu'à travers un moteur de recherche fonctionnant sur des critères objectifs. Ils restent «cachés» derrière des catégories qui les décrivent et ne se dévoilent réellement qu'au cas par cas dans l'interaction avec la personne de leur choix. Le principe du paravent préside aux appariements sur les sites de rencontre essentiellement tel que meetic.

- Le clair‐obscur. : SE MONTRER CACHE

Les participants rendent visibles leur intimité, leur quotidien et leur vie sociale, mais ils s'adressent principalement à un réseau social de proches et sont difficilement accessibles pour les autres. La visibilité en clair-obscur est le principe de toutes les plateformes relationnelles type Skyblog qui privilégient les échanges entre petits réseaux de proches à travers l'utilisation de blogs personnalisés.

- Le phare. : TOUT MONTRER TOUT VOIR

Les participants rendent visibles de nombreux traits de leurs identités, de leurs goûts et leurs productions et sont facilement accessibles à tous. En partageant des contenus, les personnes créent de grands réseaux relationnels qui favorisent des contacts beaucoup plus nombreux, la rencontre avec des inconnus et la recherche d'une audience. La photo (Flickr), la musique (MySpace) ou la vidéo (YouTube) constituent alors autant de moyens de montrer à tous ses centres d'intérêts et ses compétences et de créer des collectifs fondés sur les contenus partagés.

- Le post‐it : JE SUIS LA, JE FAIS CA

Les participants rendent visibles leur disponibilité et leur présence en multipliant les indices contextuels, mais ils réservent cet accès à un cercle relationnel restreint (Twitter).

- La lanterna magica : SE VOIR MAIS CACHE

Les participants prennent la forme d'avatars qu'ils personnalisent en découplant leur identité réelle de celle qu'ils endossent dans le monde virtuel. Venant de l'univers des jeux en ligne (World of Warcraft), les avatars se libèrent des contraintes des scénarios de jeu pour faire des participants les concepteurs de leurs identités, de l'environnement, des actions et des événements auxquels ils prennent part. Les participants rendent visibles à tous leur disponibilité et leur présence, mais interagissent uniquement avec un cercle restreint.

Pour aller plus loin dans l'étude du design de la visibilité de Dominique Cardon : http://www.jeunes.gouv.fr/IMG/pdf/typo.pdf

Internet, données chiffrées

On peut remarquer qu'entre 2017 et 2018, on observe une forte augmentation de l'utilisation d'Instagram, Netflix, Snapchat et What's app.