L'écriture radiophonique : écrire avec des mots⚓
Lorsque l'on écrit pour la radio, il faut retrouver le registre de l'oralité. Il faut apprendre à écrire comme on parle. Utiliser le registre de l'oralité facilite la diction des textes lus à l'antenne. En effet notre bouche est plus habituée à dire qu'à lire. Un texte écrit pour être dit sera beaucoup plus fluide en bouche qu'un texte ayant une syntaxe littéraire. Écrire comme on parle, cela ne veut pas dire pour autant que vous utiliserez pour vos "papiers" la langue de la rue. Le respect de vos auditeurs et de la langue que vous défendez font que vous devrez, malgré tout, et sauf cas très particulier, mettre quelques formes.
Quelques règles pour écrire comme on parle
✔ un vocabulaire simple et précis.
✔ un vocabulaire imagé. Les mots doivent permettre de visualiser ce dont vous parlez.
✔ des phrases courtes, 20 mots maximum. Plus la phrase est longue, plus vous risquez de bafouiller en la lisant.
✔ Faites varier la longueur de vos phrases. Des phrases ayant toutes la même longueur donnent une impression de monotonie.
✔ Écrivez simplement: la formule "sujet, verbe, complément" est la plus efficace. Attention aux constructions complexes, évitez les subordonnées, les superlatifs et les redondances...
✔ Utilisez le présent, le passé simple ou le futur.
✔ Ponctuez. La ponctuation structure le débit et permet une meilleure respiration.
Respectez la règle des "3 C" : Court, Clair, Complet !
Comment structurer un papier : La base de l'écriture journalistique, c'est la structure de la "pyramide inversée". Votre papier doit commencer par l'information la plus importante. Qui? Quoi? Quand?
Vous devez ensuite situer la scène ou l'événement. Où ? Replacez l'événement ou l'information dans son contexte.
Vous pouvez - si le temps vous le permet - introduire dans votre papier quelques éléments de documentation.
Une fois que vous avez structuré votre papier, vous devez le faire "vivre", lui donner du "punch" afin d'accrocher l'attention de vos auditeurs. Vous devez donc particulièrement soigner le début de votre papier, c'est "l'accroche" ou "l'attaque" du papier, sans pour autant négliger le "corps" de votre papier. L'information doit être transmise dans un ordre logique.
Il vaut mieux rédiger autant de papiers différents pour traiter une information sous ses différents angles plutôt que de vouloir tout dire en 1' 15.
L'écriture radiophonique : écrire avec des sons⚓
Quelle que soit la théorie ou l'idée que l'on se fait de ce que doit être une émission, c'est la façon dont elle s'écoute qui compte.
L'image sonore
Penser la radio en terme de sensations, d'images, de paysages sonores est un des secrets du reportage et de la création radiophonique. Un cri de mouette, et vous voyez la mer...Le bruit d'une cour de récréation, et vous voici plongés dans vos souvenirs d'écoliers. La radio a le pouvoir de faire voyager l'auditeur à travers le temps et l'espace. Qu'il s'agisse de fiction ou d'information, l'homme ou la femme de radio peuvent faire se côtoyer dans une même émission des faits survenus en des lieux et des époques fort éloignés. La seule limite que vous deviez vous imposer est celle de la compréhension de l'auditeur. L'auditeur n'a que ses oreilles pour reconstituer l'histoire. Il doit pouvoir vous suivre à chaque instant.
Rythmer une émission
Le rythme c'est l'organisation, dans un espace de temps limité des moments forts et des moments faibles, du lourd et du léger, du rapide et du lent, du court et du long, du verbal et du non verbal, du bruit et du silence. Le rythme c'est l'art des ruptures et des transitions. C'est lui qui permet de rompre la monotonie, de mobiliser l'attention, il contribue à installer les ambiances. il s'agit d'un travail sur la longueur des séquences les unes par rapport aux autres. Une succession de séquences de durées égales va créer une impression de monotonie, quel que soit l'intérêt du contenu.
Tonalité et atmosphère
Le ton d'une émission peut être grave, léger, nostalgique ou angoissant. La tonalité d'une émission dépend du travail effectué sur le rythme, mais aussi :
Des voix
Un débit rapide, un timbre haut perché, une voix de gorge "blanche" créeront un climat d'urgence, de stress ou de confusion. Une voix dans les basses, un débit plus lent, plus posé, apaiseront, donneront de la profondeur.
Des éléments musicaux
Ils sont un des matériaux de base de la radio. "La couleur" musicale d'une émission dépendra du choix des morceaux, de leur sonorité, de leur tempo et de leur capacité d'évocation.
Des ambiances
Tout comme la musique, elles seront choisies pour leur capacité d'évocation. Cette évocation pourra être directe ou métaphorique. On pourra, par exemple, glisser sous l'évocation d'une foule prenant le métro l'enregistrement d'un troupeau de moutons. Dans ce cas il faudra que la métaphore soit suffisamment évidente pour ne pas perturber la compréhension.
Le silence
Le silence est porteur de sens. Un silence de quelques secondes après une séquence est un des moyens les plus puissants qui soient pour accentuer la force, prolonger l'émotion, l'effet dramatique d'une interview. La radio n'est-elle pas avant tout l'art de maîtriser les silences ?