Définition⚓
Définition :
Les jeux coopératifs (ou de coopération) sont des jeux dans lesquels les joueurs jouent collectivement, sans compétition, afin de poursuivre un objectif commun. Soit l'ensemble des joueurs gagnent s'ils atteignent le but à atteindre, soit ils perdent tous ensemble si ce n'est pas le cas.
Ils se définissent en opposition aux jeux compétitifs dans lesquels l'objectif d'un joueur se réalise au détriment des autres joueurs. On distingue également les jeux semi-coopératifs qui mettent à contribution pendant le jeu l'ensemble des joueurs dans certaines tâches à accomplir mais au final, il n'y a qu'un seul gagnant.
Les jeux coopératifs peuvent prendre la forme de jeux de plein air, jeux de rôles, escape games, jeux vidéo, etc. Nous nous attarderons dans ce kit aux jeux de plateau et jeux de cartes.
Les mots de la Coopération⚓
Les travaux de Sylvain Connac permettent d'identifier et de comprendre le lexique associé à la coopération en situation scolaire. Nous en retiendrons ici une sélection en lien avec les compétences spécifiques développées chez les élèves.
Définition :
1.Aide (entre élèves) :
Situation coopérative durant laquelle un élève, qui se reconnaît capable, vient apporter ses connaissances et ses compétences à un élève qui en a exprimé le besoin. Pour éviter les risques de dévalorisation par un étiquetage stigmatisant, l'aide gagne à s'exercer à l'initiative de celui qui en manifeste la demande.
2.Entraide :
Situation coopérative durant laquelle deux ou plusieurs élèves décident de se réunir pour tenter, à plusieurs, de résoudre un problème ou une difficulté qu'ils rencontrent conjointement. L'entraide peut avoir pour dérive potentielle une diminution de l'investissement.
3.Réciprocité
Principe pédagogique qui se traduit par une alternance, selon les besoins, entre la fonction de tuteur et celle de tutoré. Personne n'est systématiquement tuteur, personne n'est systématiquement tutoré ; chacun peut occuper, à des temps différents, l'une et l'autre de ces fonctions.
Autonomie :
Capacité d'une personne à se diriger elle-même dans le monde. Cette capacité peut être fonctionnelle (agir par soi-même), morale et juridique (choisir par soi-même) ou intellectuelle (penser par soi-même).
Responsabilité :
Régulation volontaire et par soi-même de son propre fonctionnement. La responsabilité peut être individuelle (assumer les choix pris), humaine (altruisme, don, care) ou environnementale (écologie).
Complément : Sources :
Connac, S., Meirieu, Ph.(2017). La coopération entre élèves. - Réseau Canopé.
Connac, S. (2017). Enseigner sans exclure – La pédagogie du colibri. Paris - ESF Editeur
Coopération ou collaboration ?⚓
Historique de ces concepts
Les deux termes sont souvent utilisés l'un pour l'autre sans que l'on fasse vraiment la distinction entre les réalités qu'ils recouvrent respectivement.
En 2007, le travail collaboratif se distinguait du travail coopératif par le fait que le travail n' était pas morcelé en parties, que chacun était chargé de traiter et ce dont il avait la responsabilité, mais bien comme un projet global à mener ensemble (Baudrit, 2007).
Première conception de la collaboration et la coopération.
Coopération
Dans l'apprentissage coopératif, l'apprenant a en charge et est responsable d'une partie du projet mais il doit apprendre à interagir avec le groupe afin que le travail final qui constitue l'œuvre collective soit cohérent et harmonieux (Frayssinhes, 2012). Frayssinhes définit 2 principes sur lesquels repose la pédagogie de la coopération : « l'interdépendance positive » où les tâches de chacun sont structurées équitablement et où chaque membre du groupe est actif et exerce « la responsabilité individuelle ».
Travail coopératif
![](../res/schema_cooperation.png)
Collaboration
En 2012, dans l'apprentissage collaboratif, les membres du groupe forment un tout. Ils deviennent « une entité à part entière et la puissance de cette dernière représente plus que la somme des parties » (Frayssinhes, 2012). La responsabilité n'est pas du ressort de l'individu mais du groupe entier. « Les interactions sont permanentes entre les membres, et c'est la cohérence du collectif qui permet d'atteindre l'objectif final » (ibid.). Cela suppose une convergence d'intérêts dans le travail (Go, 2013). On accepte de travailler en collaboration car on y trouve un intérêt pour soi-même.
Travail collaboratif
![](../res/schema_collaboration.png)
Évolution actuelle : vers des pratiques de la coopération scolaire
Les distinctions entre collaboration et coopération proposées dans les années 2000 ont évolué et une confusion règne lorsque l'on tente aujourd'hui d'apporter une définition précise de ces deux concepts. Sylvain Connac apporte un éclairage différent : « La coopération entre pairs se définit comme l'ensemble des situations où des personnes produisent ou apprennent à plusieurs. » Selon lui,coopérer permet de travailler ensemble, dans un même espace et en même temps. « La coopération est entendue comme ce qui découle des pratiques d'aide, d'entraide, de tutorat et de travail de groupe ». Au sein de toute pratique coopérative, on peut être amené à développer des pratiques collaboratives. Ainsi collaborer amène chacun à s'entendre pour partager un même projet et coordonner alors le travail de telle sorte que chacun puisse réaliser sa part individuellement. Dans le travail collaboratif, il y a ici une répartition des tâches.
Schémas reprenant la distinction entre les démarches coopérative et collaborative, d'après Henri et Lundgren-Cayrol.
Complément : Sources :
Connac, Sylvain, Fontdecaba, Stéphanie(2013) « Mieux apprendre avec la coopération » [dossier]. Cahiers Pédagogiques, n°505, p 10-57.
Connac, S. (2017). La coopération entre élèves. Chasseneuil: Canopé.
Typologie⚓
S'impliquer physiquement pour coopérer⚓
Les jeux de cette catégorie nécessitent un engagement physique des joueurs pour parvenir à atteindre l'objectif fixé. C'est le cas par exemple du Crayon coopératif.
Exemples de jeux : Cacophony ; Le Crayon coopératif.
Exemple :
Le crayon coopératif
![](../res/CrayonCooperatif_large01.jpg)
S'associer pour atteindre un objectif sans prise d'initiative⚓
Les jeux de cette catégorie sont des jeux dans lesquels les joueurs visent un objectif commun (échapper au loup, aux aléas climatiques...) tout en étant soumis à l'aléatoire du dé et/ou des cartes à piocher. Ces jeux permettent de se familiariser avec les règles, d'attendre son tour, d'accepter de perdre, d'être pris dans une dynamique collective.
Exemple :
Little Coopération (cycle 1)
![](../res/little-cooperation.jpg)
Le petit Chaperon Rouge : Promenez-vous dans les bois ! (cycle 3)
Sauve Moutons (cycle 1)
![](../res/sauve-moutons_jpg.png)
Le trésor des lutins (cycle 1 /2)
![](../res/gigamic_jztr-le-tresor-des-lutins_box-right-bd.jpg)
Coopérer par la réflexion et/ou la stratégie⚓
Les jeux de cette catégorie nécessitent la mise en place d'une stratégie par les joueurs pour atteindre l'objectif fixé.
Exemple :
Coopérer dans un cadre narratif et immersif⚓
Dès leur introduction, les jeux de cette catégorie engagent les joueurs dans une narration construite faisant apparaître un objectif explicite.
Exemple :
Unlock
![](../res/unlock.png)
Sherlock Homes
![](../res/Sherlock-Homes.jpeg)
Les différentes formes de coopération dans les jeux coopératifs⚓
1. La coopération « ouverte »
Dans ce type de jeux de coopération, les joueurs affrontent ensemble le jeu lui-même, une autre équipe, un ennemi, un danger présent dans le jeu ou incarné par un autre joueur. Les joueurs ont un rôle et des actions identiques. Ils élaborent une stratégie commune, coordonnent leurs mouvements. Face à ce défi, les joueurs vont apprendre à réfléchir ensemble, à s'écouter, à trouver leur place au sein du groupe.
Cependant, toute activité de groupe est confrontée à la différence d'implication entre les membres. Certains, par timidité ou manque de confiance, ne vont apporter aucune contribution alors que d'autres vont tout prendre en charge, faire office de leader, empêchant ainsi les autres membres de s'exprimer.
Exemple :
Sherlock Holmes
Pandémie
Unlock !
2. La coopération d'égal à égal
Dans ce type de jeu, chacun a le même rôle mais aussi le même temps de parole.
Ainsi chaque joueur est impliqué de la même façon.
Exemple :
Hanabi
The Game
Yokaï
3. La coopération des tâches/rôles différents
Dans ce type de jeu, chacun a des tâches et/ou compétences différentes données dès le début du jeu.
Exemple :
Captain Sonar
4. La coopération des tâches/rôles différents non définis au départ
Dans ce type de jeu, les joueurs œuvreront pour un objectif commun mais qui va mobiliser différentes tâches. Les joueurs vont s'en emparer naturellement durant le jeu suivant leurs compétences.
Exemple :
Unlock !